EIS suit avec attention une révolution, silencieuse mais certaine, de l’économie telle que nous la connaissons. L’enjeu est tel qu’une partie de notre activité y est maintenant dédiée : conseil et innovation sur les nouveaux systèmes économiques.
Petit retour sur trois ans de réflexion et d’expérimentation dans le domaine de l’innovation économique, quelle soit à but social et solidaire ou non.
La prise de conscience citoyenne
Depuis la crise de 2008, nombreuses sont les personnes qui plébiscitent activement un changement d’économie, recentré sur le bien-être de l’humanité et moins sur la recherche de profit, voué à ne profiter qu’au plus petit nombre.
Saviez vous que de nombreuses monnaies alternatives ont vue le jour ces 10 dernières années, en France comme à l’étranger ? De quoi s’agit-il ? Quel est le but recherché ?
Le fleurissement des initiatives
Dans le paysage économique moderne, se distinguent majoritairement trois types d’initiatives :
- les monnaies locales complémentaires ;
- les monnaies temps ;
- les monnaies numériques.
J’ajoute à celles-ci un mouvement parallèle, indirectement lié à la réflexion sur les monnaies et l’économie en général :
- le revenu de base inconditionnel.
Les monnaies locale complémentaires
La France compte déjà une vingtaine de ces monnaies. Indexées à un pour un sur l’Euro, elles circulent localement sous forme de billets imprimés (avec diverses sécurités pour les rendre infalsifiables, comme pour l’Euro). Ces monnaies circulent au sein d’acteurs et d’entreprises qui respectent une charte, dont les priorités varient d’une monnaie à l’autre : favoriser l’écologie, la culture locale, dynamiser l’économie locale, etc. Les entreprises qui ne respectent pas les valeurs de la charte (ou ne veulent pas tendre à les respecter) ne peuvent rentrer dans le réseau.
Il est en revanche facile de devenir utilisateur de la monnaie : un simple échange d’Euros permet de recevoir la même somme en monnaie locale. La monnaie obtenue peut ensuite être dépensée dans les commerces et entreprises adhérentes.
Pour accélérer la circulation de la monnaie, et augmenter la création de la richesse, une « fonte » est appliquée sur chaque billet émis : l’utilisateur doit périodiquement s’acquitter d’une taxe (très minime) pour maintenir la valeur des billets qu’il possède. L’objectif est d’éviter la thésaurisation (par l’effet « patate chaude » avant la date de la taxe), pour alimenter au maximum l’économie locale. Ces monnaies sont dites complémentaires car elles n’ont pas vocation à remplacer les monnaies centralisées comme l’Euro, conservées pour les échanges à longue distance, pour l’épargne et les transactions de montant important.
Pour aller plus loin : http://monnaie-locale-complementaire.net/
Les monnaies temps
Les monnaies temps (ou banque de temps) : les plus connues en France sont les monnaie SEL (Systèmes d’Echange Locaux), gérées par des associations locales indépendantes, réparties dans tous les territoires. Le principe est de consommer des biens et des services en échange de « grains de SEL », dont la valeur est indexée sur le temps. Par exemple : 60 minutes de couture valent ainsi 60 « grains de sel »; 1Kg de pomme de terre 50 à 100, etc.
Rentrer dans une monnaie temps de ce type est très simple : l’intéressé débute avec une solde de zéro, mais peut descendre en négatif sans intérêt débiteur. La monnaie est créée au moment de l’échange, en fonction des besoins. Une valeur minimum est néanmoins fixée pour les soldes débiteurs, afin d’empêcher les abus. De même un plafond limite les soldes créditeurs.
Bien sûr, comme pour les autres types de monnaies présentés, toutes les adaptations imaginables sont possibles.
Pour aller plus loin : http://seldefrance.communityforge.net/
Les monnaies numériques
Les monnaies numériques (crypto-monnaies / crypto-currencies) : à l’instar de BitCoin, ces monnaies sont conçues pour se passer d’institution bancaire centralisée. Le BitCoin est la première du genre dans le domaine. La création de la monnaie est laissée à l’initiative d’un réseau d’ordinateurs interconnectés, qui respectent des règles de gestion et de génération fixées par avance un fois pour toute. Les nœuds se contrôlent entre eux, en excluant tous ceux qui ne respecteraient pas ces règles. La monnaie est découverte (« minée ») et injectée dans l’économie par les ordinateurs eux-mêmes, en fonction de leur puissance de calcul et de leur participation au contrôle des transactions. La quantité de monnaie générée à terme est finie, fixée par avance par algorithme.
Par analogie, on peut comparer ce type de monnaie à des monnaies indexées sur des éléments physiques rares comme l’or. Pour se procurer un peu de cette monnaie, il faut donc soit en découvrir en installant un nœud chez soi, soit en acheter sur un marché d’échange quelconque. En pratique, installer un nœud n’est pas à la portée de tous, d’autant que certaines monnaies numériques (comme BitCoin) nécessitent des installations dédiées de plus en plus puissantes, hors de portée de la plupart des personnes.Les dernières monnaies numériques créées tendent cependant à réduire ce problème.
La grande majorité des utilisateurs de ces monnaies sont donc passés par un « achat » classique de monnaie numérique, via un marché d’échange.
L’utilisation de ces valeurs se fait ensuite par des logiciels de transfert, comparables à des outils bureautiques, mais dédiés aux transactions de monnaies numériques.
Bien que numériques (et non « virtuelles »), ces monnaies sont bien réelles : elles ont une existence physique sur des ordinateurs, peuvent être imprimées sur papier, etc.
Pour aller plus loin : https://bitcoin.org/fr/
et http://magazine.ouishare.net/fr/2013/07/game-over-bitcoin-monnaie-virtuelle/
Le revenu de base inconditionnel
Tout autour de la planète, se font entendre les voix de ceux qui revendiquent le droit à un revenu de base, inconditionnel. Les avantages mis en avant sont notamment la plus juste création monétaire, répartie entre tous les individus plutôt que centralisée dans les mains de quelques banquiers centraux. Un autre atout est qu’il pourrait remplacer les systèmes d’aide, administrativement complexes et parfois moins justes.
Quelques vidéos vous permettrons d’aller plus loin sur ce sujet : Le revenu de base, c’est pas sorcier (en 4 parties de 3min)
Quelle conclusion ?
Nous assistons donc bien à une première révolution : d’abord par une prise de conscience citoyenne (la plupart de ces initiatives sont portées par des citoyens lambdas), puis par des actes fondateurs de création de monnaies, sonnantes et trébuchantes. Il ne s’agit plus simplement d’utopies lointaines.
Ces nouvelles formes d’économie ouvrent le champs des possibles, attise le rêve et l’espérance d’un monde plus beau et plus vrai, source bienveillante d’imagination créative. Malgré tout, elles ne sont pas sans risque : repli sur soi, communautarisme et individualisme, ou encore renforcement des réseaux mafieux (par l’anonymisation des transactions dans la plupart des monnaies numériques).
Faut-il encourager ces changements ? Faut-il chercher à les contrôler ? Est-ce possible ? A quel prix ?
Avant d’aller plus loin et de tenter de répondre à ces questions, nous invitons le lecteur à « prendre le temps » de la réflexion et de la documentation. A quoi servirai en effet d’exposer ici nos conclusions, si elles ne pouvaient dûment être critiquées et analysées ?
Découvrez la 2ème partie de l’article, dans laquelle nous expliquons une alternative intéressante, qui tend à rapprocher l’ensemble des avantages de toutes ces formes monétaires. En somme, une autre révolution !
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